Rencontre Trump-Poutine en Alaska : enjeux pour l'Ukraine et l'Europe

Donald Trump et Vladimir Poutine se rencontrent vendredi en Alaska pour discuter d'un cessez-le-feu en Ukraine, ce qui pourrait nuire à l'Europe et à l'Ukraine.

Rencontre Trump-Poutine en Alaska : enjeux pour l'Ukraine et l'Europe
Donald Trump et Vladimir Poutine lors d'une rencontre à Helsinki en 2018. Le 8 août 2025, Trump a annoncé une discussion en Alaska pour un cessez-le-feu en Ukraine.

Après des jours d'incertitude, la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine est officiellement prévue vendredi en Alaska. Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, n'y participera pas. Alexander Dubowy, expert en affaires internationales, partage ses attentes sur cet événement.

Que cherche Donald Trump dans cette rencontre ?

Trump veut avant tout paraître comme un excellent négociateur. Les détails ne l'intéressent guère ; il souhaite annoncer un cessez-le-feu provisoire. Cela satisferait ses partisans MAGA et détournerait l'attention de ses problèmes, comme la liste Epstein. À long terme, il espère affaiblir l'influence chinoise sur la Russie.

Pourquoi avoir choisi l'Alaska ?

L'Alaska partage une frontière avec la Russie. Poutine peut s'y rendre facilement sans survoler des pays hostiles. Le lieu est aussi symbolique : il place les États-Unis au cœur des négociations, excluant totalement l'Europe.

Quel type d'accord Trump pourrait-il proposer ?

Les détails restent incertains, mais une hypothèse existe : Trump chercherait à geler les positions actuelles et obtenir un cessez-le-feu. Selon des rumeurs, Poutine exigerait au moins le Donbass. Son offre inclurait Louhansk et Donetsk comme territoires russes. En échange, il stopperait ses attaques à Zaporijjia et Kherson.

Cette proposition semble conciliante mais est en réalité dangereuse. Louhansk est contrôlé à 99 % par la Russie, mais les défenses ukrainiennes résistent à Donetsk. À Zaporijjia et Kherson, les avancées russes sont lentes et les capitales régionales semblent hors d'atteinte. Un tel accord offrirait à la Russie de vastes territoires sans effort. Pour l'Ukraine et l'Europe, ce serait catastrophique.

Pourquoi cette situation serait-elle catastrophique ?

Rien n'empêcherait Poutine de préparer une nouvelle offensive dans deux ans, fort de trois ans et demi d'expérience. Le système Poutine a besoin d'un conflit pour contrôler sa société. Cette guerre vise la soumission politique de l'Ukraine et une réorganisation de la sécurité européenne. Le plus risqué serait la levée des sanctions, ce qui injecterait des milliards dans l'effort de guerre russe.

Zelensky refuse toute cession de territoire. Risque-t-il de perdre le soutien américain ?

Oui. Trump pourrait stopper immédiatement les livraisons d'armes à l'Ukraine et aux partenaires de l'OTAN qui les transfèrent. Il pourrait aussi refuser de partager des renseignements cruciaux. L'Europe a peu de moyens pour intervenir.

Pourquoi Zelensky ne discute-t-il pas de concessions territoriales malgré ce risque ?

Parce que la soif de pouvoir de Poutine ne s'arrêterait pas. L'Ukraine doit choisir : céder environ un cinquième de son territoire sans garantie contre de futures attaques, ou accepter un gel des positions avec des conflits prolongés. Ces litiges empêcheraient une adhésion à l'OTAN, pourtant source de sécurité.

Quel rôle joue l'Europe ?

Aucun, c'est tragique. Le danger des discussions en Alaska est une paix imposée : Poutine ferait des concessions à Trump en Ukraine, tandis que les États-Unis quitteraient militairement les pays baltes. Cela rééquilibrerait la sécurité européenne en faveur de la Russie. Durant les six derniers mois, l'Europe a eu des chances de définir des limites claires en Ukraine et d'exiger un contrôle lors d'un cessez-le-feu. Trump s'adaptait encore à la Maison-Blanche et Poutine montrait des faiblesses. Pourtant, les Européens regardent impuissants le partage des zones d'influence entre les deux puissances.

Cela ira-t-il vraiment jusque-là ?

Pour l'instant, non. Poutine ne souhaite pas cet accord, sinon il aurait accepté des offres similaires ces six derniers mois. Il préfère une stratégie d'usure et de retard.