Claudia Cardinale a impressionné les réalisateurs Visconti et Fellini, et a charmé des acteurs comme Delon et Belmondo. Représentant la beauté italienne, elle est morte mardi à 87 ans. Elle a apporté son éclat à plus de 150 films, dont des œuvres majeures comme «Le Guépard» et «Huit et demi».
Dans sa jeunesse, elle était sauvage et garçon manqué. Cette Italienne née en Tunisie, devenue Française, est devenue une star internationale sans l'avoir cherché. Elle a reçu un Lion d'Or à Venise en 1993 et un Ours d'Or à Berlin en 2002. Marcello Mastroianni disait d'elle : «C'est la seule fille simple et saine dans un milieu de névrosés et d'hypocrites».
Concours de beauté
Elle a joué dans les meilleurs films de la renaissance italienne avec des metteurs en scène comme Bolognini et Zurlini, a brillé à Hollywood avec Edwards et Brooks, en France avec Broca et Verneuil, et même en Allemagne avec Werner Herzog. Elle a expliqué : «J'ai eu la chance de commencer à une époque magique du cinéma. Les grands réalisateurs ont été mes guides, et c'est eux qui m'ont approchée».
Née à La Goulette, près de Tunis, le 15 avril 1938, d'une mère Française et d'un père Sicilien, Claude Joséphine Rose Cardinale parlait français, arabe et sicilien. Sa carrière a débuté dans le cinéma italien. Les réalisateurs, gênés par sa voix rauque et son accent français, ont utilisé une doubleuse pour elle jusqu'à ce que Fellini la choisisse pour «Huit et demi» en 1963.
À 17 ans, elle a remporté un concours de beauté sans y être inscrite, ce qui a transformé sa vie. En tant que «plus belle Italienne de Tunis», elle a gagné un voyage à la Mostra de Venise où elle a attiré l'attention. Elle a raconté : «Je ne voulais pas faire de cinéma, c'était le souhait de ma sœur. Mais ils ont tant insisté que mon père a accepté». Sous contrat avec le producteur Franco Cristaldi, elle est devenue sa découverte. Sur le tournage de «Le Pigeon» en 1958, elle a appris qu'elle était enceinte. Elle a avoué plus tard avoir été victime d'un viol.

Héroïne d'un conte de fées
Son producteur lui a ordonné de dissimuler sa grossesse. Après un accouchement secret à Londres, il l'a persuadée de confier le bébé à ses parents. L'enfant, Patrick, a été présenté comme son frère cadet pendant sept ans avant qu'elle ne dévoile la vérité.
À seulement 22 ans, Visconti l'a fait jouer dans «Rocco et ses frères» en 1960. Il lui a maquillé les yeux en noir et lui a enseigné le métier. Elle a suivi Visconti dans «Le Guépard» en 1963, où elle a excellé aux côtés de Burt Lancaster et Alain Delon. Parallèlement, elle tournait «Huit et demi» avec Fellini.
Elle a décrit Visconti comme méthodique et précis, lui parlant en français et la préférant brune, tandis que Fellini était désorganisé et sans scénario, lui parlant en italien et la voulant blonde. Elle a affirmé que ces deux films étaient les plus marquants de sa vie.
À 23 ans, elle a fait une entrée remarquée à Cannes avec «La fille à la valise» et «Le mauvais chemin». On la comparait à une version brune de Brigitte Bardot. Dix ans plus tard, elle a joué avec Bardot dans «Les Pétroleuses». Dans son autobiographie, elle a écrit : «Je suis devenue l'héroïne d'un conte de fées, le symbole d'un pays dont je maîtrisais à peine la langue».
Hollywood
Sollicitée par Hollywood, elle a refusé de s'y installer. Elle a conquis le public américain dans «La panthère rose» et «Le plus grand cirque du monde». Après «Sandra» de Visconti et «Les Professionnels» avec Lancaster, elle a été l'héroïne d'«Il était une fois dans l'Ouest» de Sergio Leone en 1968, seule femme entourée de Charles Bronson et Henry Fonda.
Pasquale Squitieri, son compagnon pendant presque 30 ans, lui a fait tourner dix films de 1974 à 2011. En 2017, le festival de Cannes a rendu hommage à sa jeunesse sur une affiche, la qualifiant de comédienne aventurière et engagée. Elle conseillait aux jeunes actrices de ne pas tout accepter pour un rôle, pour éviter de se sentir dégradées ou compromises.