Une grosse bataille politique débute ce lundi à Berne. En effet, le National doit entamer en fin d'après-midi son examen de l'initiative populaire de l'UDC «Pas de Suisse à 10 millions», qui veut contrôler strictement l'immigration. L'UDC va peser de tout son poids pour qu'elle soit acceptée par le peuple, comme l'initiative «contre l'immigration de masse» en février 2014. Mais pour l'instant, au Parlement, elle devrait se battre seule.
Concrètement, le texte prévoit que la population permanente de la Suisse ne dépasse pas 10 millions de personnes d'ici à 2050. Dès qu'elle atteindrait le seuil de 9,5 millions, le Conseil fédéral devra prendre des mesures, notamment dans le domaine de l’asile et du regroupement familial. Si nécessaire, il devrait résilier l'accord sur la libre circulation avec l'UE - ce qui signifierait la fin des autres accords bilatéraux, du fait de la cause dite «guillotine». L'enjeu est de taille, car le peuple pourrait voter sur l'initiative en été 2026, soit avant les nouveaux paquets d’accords avec Bruxelles prévus pour 2027...
L'UDC rappelle que depuis l’introduction de la libre circulation des personnes en 2002, plus d'un million de ressortissants européens ont immigré en Suisse. Soit cinq fois la ville de Genève. Et cela, sans même parler de l'asile. Les conséquences sont «désastreuses», selon le parti qui souligne le bétonnage et les bouchons, les transports publics et les écoles surchargés, la pénurie de logements ou encore la criminalité en hausse.
Le résultat du débat au National devrait tomber jeudi, car pas moins de 115 orateurs ont souhaité s’exprimer, un record. Le texte devrait toutefois être refusé sans contre-projet. En effet, tous les autres partis devraient lui dire non, suivant ainsi leur commission.
Celle-ci estime que la Suisse aura besoin à l'avenir de main d'œuvre pour fournir des services de base, comme les soins aux personnes âgées ou dans les hôpitaux. Or, ce besoin ne pourra pas être comblé sans l’immigration. Une acceptation de l’initiative nuirait en outre à notre prospérité et nos relations internationales. Elle entraînerait aussi la dénonciation de l’accord sur la libre circulation des personnes, critique-t-elle.