L'armée soudanaise anéantit un avion émirati transportant des mercenaires

Les forces soudanaises ont bombardé un appareil des Émirats arabes unis qui convoyait des combattants étrangers sur un aérodrome tenu par des milices paramilitaires.

L'armée soudanaise anéantit un avion émirati transportant des mercenaires
Le général Abdel Fattah al-Burhan, chef des forces soudanaises, à Port-Soudan en avril 2025.

La télévision d'État a annoncé mercredi que l'aviation soudanaise a détruit un avion émirati transportant des mercenaires colombiens. Au moins 40 personnes ont péri lors de cette attaque, survenue à l'atterrissage dans un aéroport du Darfour occidental contrôlé par des paramilitaires.

Une source militaire anonyme a indiqué à l'AFP que l'appareil 'a été frappé et entièrement réduit en cendres' pendant son arrivée à l'aéroport de Nyala, dans le Darfour-Sud.

Cet aéroport a subi plusieurs bombardements récents de l'armée soudanaise. Depuis avril 2023, celle-ci affronte les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dans un conflit dévastateur. En juin, trois témoins avaient signalé qu'un avion cargo y avait été attaqué juste après son atterrissage.

Aucune réaction immédiate n'est venue de l'armée soudanaise, commandée par le général Abdel Fattah al-Burhan, des paramilitaires dirigés par son ancien adjoint Mohamed Daglo, ou des Émirats arabes unis.

Implications étrangères

Le conflit au Soudan est amplifié par des interventions extérieures souvent discrètes. L'armée accuse depuis longtemps les Émirats d'approvisionner les FSR en armes modernes, comme des drones, via l'aéroport de Nyala. Abou Dhabi rejette ces allégations, malgré des rapports de l'ONU et d'autres organismes internationaux.

Des images satellite du Humanitarian Research Lab de l'université de Yale révèlent plusieurs drones chinois à longue portée positionnés sur l'aéroport de la ville.

Lundi, le gouvernement pro-armée a reproché aux Émirats de recruter et financer des mercenaires colombiens pour soutenir les paramilitaires, affirmant posséder des preuves. Fin 2024, des rapports avaient mentionné leur présence au Darfour, confirmée par des experts onusiens.

Cette semaine, la coalition pro-armée Forces conjointes a signalé plus de 80 mercenaires colombiens aux côtés des FSR à El-Facher, dernière capitale du Darfour sous contrôle militaire. Selon elle, plusieurs ont été tués. L'armée a diffusé des vidéos présentées comme montrant ces 'mercenaires étrangers probablement colombiens', que l'AFP n'a pas pu vérifier.

Autres zones de conflit

En décembre, le Soudan a déclaré que le ministère colombien des Affaires étrangères avait regretté 'la participation de certains citoyens à la guerre'.

Des mercenaires colombiens, souvent d'anciens militaires ou rebelles, interviennent dans divers conflits mondiaux. Les Émirats les ont déjà engagés pour des opérations au Yémen et dans le Golfe.

Selon l'ONU, la guerre au Soudan, entamée il y a trois ans, a causé des dizaines de milliers de morts, déplacé 13 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire actuelle dans ce pays pauvre.

Après la perte de Khartoum, repris par l'armée en mars, les paramilitaires veulent renforcer leurs positions au Darfour, une région qu'ils dominent déjà largement.