J'ai raté le départ du funiculaire de Lisbonne qui a tué mon ami".

Alors que Sonia Silva s'apprêtait à quitter son travail mercredi soir, un collègue lui a demandé de l'aider à accomplir une tâche rapide.

Cela signifie qu'elle n'a pas pu descendre la colline en funiculaire avec un collègue de travail lors de leur trajet entre le bureau et la maison, dans le centre de Lisbonne.

Lorsqu'elle arrive à l'arrêt peu après, le funiculaire s'est écrasé et son ami est mort.

"Quand je suis arrivée, c'était une tragédie", a-t-elle déclaré.

Seize personnes ont été tuées mercredi soir à Lisbonne lorsque l'emblématique funiculaire Glória, vieux de 140 ans, a déraillé et s'est écrasé contre un bâtiment. Le premier ministre portugais a déclaré qu'il s'agissait de "l'une des plus grandes tragédies humaines de notre histoire récente".

Un grand nombre des personnes tuées étaient des ressortissants étrangers, dont trois Britanniques dont l'identité n'a pas encore été révélée. Selon la police, cinq personnes tuées étaient portugaises et quatre d'entre elles travaillaient à l'association caritative Santa Casa da Misericórdia, située au sommet de la colline.

Un service a été organisé vendredi dans une église proche du siège de l'organisation caritative, en l'honneur des travailleurs tués dans l'accident. Le service était bondé, les gens remplissant les allées et tout autre espace disponible.

À leur départ, les collègues ont pleuré et se sont soutenus les uns les autres en essayant de comprendre ce qui s'était passé. Plusieurs d'entre eux ont déclaré à la BBC qu'ils utilisaient régulièrement le funiculaire pour se rendre au travail.

Assise sur un banc à l'extérieur, Sonia a expliqué qu'elle travaillait pour l'association depuis huit ans et qu'elle utilisait le funiculaire tous les jours.

"Je ne peux pas exprimer [ce que je ressens], c'est très difficile. Je suis reconnaissante, mais en même temps je suis très, très en colère parce que mes collègues et beaucoup de gens sont morts", a-t-elle déclaré.

Elle a déclaré qu'elle se rendait chaque jour au travail et en revenait avec sa collègue Sandra Coelho.

"Je l'aimais beaucoup parce que je prenais toujours le funiculaire avec elle - pour rentrer à la maison et le matin. C'est très difficile parce que je ne vais plus la voir", a-t-elle déclaré en pleurant, tandis que ses collègues la réconfortaient.

Pendant leur trajet, les deux femmes bavardaient et parlaient de leur journée.

"Nous parlions de nos collègues, de notre travail, de tout. Nous nous rencontrions le matin et à la fin de la journée", a-t-elle déclaré.

D'autres personnes autour de l'église ont également pleuré la perte d'amis et ont essayé de comprendre ce qui s'était passé.

"C'est terrible, nous sommes dévastés. Il est difficile de travailler en ce moment", a déclaré Lurdes Henriques.

"Nous pensons toujours à nos collègues et nous nous demandons s'ils ont souffert. Ils pourraient être ici avec nous en ce moment. Nous sommes profondément, profondément tristes.

"Cela aurait pu être n'importe lequel d'entre nous - nous avons tous utilisé ce type de transport et nous avions confiance en lui", a déclaré Tania, une autre employée de l'organisation caritative.

Rui Franco, conseiller municipal dont l'ami proche et ancien collègue Alda Matias a été tué dans l'accident de mercredi, s'est dit en état de choc.

"Elle avait à peu près mon âge. Elle avait une famille, des enfants, et je ne peux pas imaginer ce qui arriverait à ma famille si c'était moi. C'était une personne formidable... avec une façon très solide d'agir dans le monde", a-t-il déclaré.

M. Franco a déclaré qu'il était "déjà en colère" lorsqu'il a appris la nouvelle de l'accident mortel, "puis lorsque j'ai compris que je connaissais les personnes impliquées, la rage est devenue écrasante".

Alors qu'une enquête sur les causes de l'accident est en cours, les personnes endeuillées se sont livrées à de nombreuses spéculations.

"Il était toujours surpeuplé", a déclaré l'un d'entre eux, tandis qu'un autre a mis en cause le manque d'entretien.

Le dirigeant du syndicat des cheminots Fectrans a affirmé que certains travailleurs s'étaient plaints de problèmes de tension du câble qui tire les wagons, ce qui rendait le freinage difficile.

"Même les avions tombent parfois du ciel. Les accidents arrivent", a déclaré une autre femme.

Plusieurs ont déclaré à la BBC que, quelle qu'en soit la cause, ils n'imaginaient pas utiliser à nouveau le funiculaire.

"J'ai dit à tout le monde que je ne l'utiliserai plus", a déclaré Sonia avant de retourner au bureau, entourée de ses collègues de travail.