La tension politique et les rassemblements qui agitent la Serbie depuis des mois ont dégénéré en affrontements cette semaine. Des violences ont opposé des manifestants aux soutiens du parti du président Aleksandar Vucic (SNS), avec de nouveaux incidents jeudi.
Jeudi soir, des protestataires ont endommagé les locaux du Parti progressiste serbe (SNS, nationalistes) à Novi Sad (nord). Ces actes se sont produits lors de nouvelles manifestations dans environ trente villes, après des heurts la veille ayant fait des dizaines de blessés.
Initialement rassemblés devant l'agence de renseignement serbe (BIA), les manifestants se sont déplacés vers les bureaux voisins du SNS. Ils ont brisé la vitrine avant de lancer des œufs et de la peinture sur la façade, selon des images en direct de la chaîne N1.
Les deux camps s'accusent mutuellement de vouloir une 'guerre civile'.
La majorité des jeunes hommes impliqués dans ces violences portaient des cagoules. Aucun partisan du SNS n'était présent dans les locaux du parti, et les forces de l'ordre ne sont pas intervenues.
À Belgrade, des opposants se sont regroupés devant le siège du gouvernement et de l'état-major militaire, puis ont tenté d'approcher les bureaux du SNS. Un important dispositif policier les a maintenus à distance.
Les manifestants ont jeté des artifices vers les partisans du SNS rassemblés devant le bâtiment. La police a ensuite repoussé les protestataires, d'après les images de N1.
Après les événements de mercredi, les deux parties se sont reprochées de chercher à provoquer une 'guerre civile'. 'Le pouvoir veut intimider les citoyens. Il souhaite briser cette révolte et semer la peur', a déclaré à N1 l'avocat Aleksandar Petrovic, présent avec les manifestants.
Des protestations fréquentes
Mercredi soir, plus de 70 civils, 27 policiers et sept membres de l'unité d'élite militaire 'Kobre' ont été blessés. La majorité des blessures sont survenues à Novi Sad devant les locaux du SNS, selon le ministre de l'Intérieur Ivica Dacic. Environ cinquante personnes ont été interpellées.
Des manifestations régulières ont lieu dans les Balkans depuis l'effondrement d'un auvent en béton à la gare de Novi Sad en novembre 2024. Cette tragédie, ayant fait 16 morts, a été attribuée à la corruption par les opposants.
Le président Aleksandar Vucic, qui ne dirige pas formellement le parti, a accusé les manifestants d'avoir attaqué les membres du SNS mercredi. Selon le ministre de l'Intérieur, la plupart des blessés étaient des sympathisants du SNS.
'Nous avons évité un scénario catastrophique', a affirmé Aleksandar Vucic dans la nuit de mercredi à jeudi, promettant des sanctions 'sévères' contre les manifestants violents. 'Nous empêcherons leur désir de nous entraîner dans une guerre civile', a-t-il ajouté.
Le rôle des étudiants
Pour les étudiants, à l'avant-garde du mouvement, la situation est inversée. 'Le pouvoir a tenté de provoquer la guerre civile hier soir', ont-ils écrit sur un compte Instagram officiel. Ils ont reproché à la police d'avoir 'protégé' les partisans du SNS qui 'ont lancé des pierres et des artifices sur les manifestants'.
Lors de la manifestation de mercredi à Novi Sad, un membre de l'unité 'Kobre' a effectué un tir d'avertissement, créant la panique. Cet incident a été médiatisé. Le soldat a déclaré jeudi que lui et ses collègues avaient été attaqués et 'encerclés' par 'près de cent personnes', jugeant leur vie menacée.
Jusqu'à présent, les rassemblements étudiants étaient généralement pacifiques. Ils se déroulent dans tout le pays et ont parfois rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes.
Sous la pression, le gouvernement a été réorganisé, le Premier ministre changé, et d'anciens ministres ont été arrêtés et inculpés.
Depuis mai, les manifestants demandent des élections anticipées. Le président Vucic refuse, dénonçant un complot étranger pour renverser le pouvoir.
Début août, des experts mandatés par le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits humains ont appelé les autorités serbes à cesser ce qu'ils décrivent comme une 'répression intensifiée' contre les militants.