#}

Venezuela renforce sa milice face aux États-Unis

Alors que les États-Unis offrent 50 millions de dollars pour capturer Nicolas Maduro, le Venezuela appelle ses citoyens à rejoindre la milice nationale.

Venezuela renforce sa milice face aux États-Unis
Washington a augmenté à 50 millions de dollars la récompense pour information menant à l'arrestation de Nicolas Maduro, accusé de diriger un cartel de drogue.

De longues files d'attente se sont formées au Venezuela ce week-end pour l'enrôlement dans la milice. Des personnes de divers horizons, comme des fonctionnaires, des femmes au foyer, des étudiants et des retraités, répondent à l'appel de Maduro pour faire face à une possible invasion américaine.

Les États-Unis ont lancé une opération antidrogue importante, avec des forces navales et aériennes déployées dans les Caraïbes. Trois destroyers seront positionnés près du Venezuela, et 4 000 Marines pourraient être envoyés.

Nicolas Maduro voit cela comme une menace pour renverser ou envahir le pays. Avec cet enrôlement très médiatisé, il veut montrer sa force à Washington et renforcer l'unité parmi ses partisans.

Cette semaine, Maduro a annoncé un plan pour déployer 4,5 millions de miliciens. La milice, officiellement composée de 5 millions de civils intégrés à l'armée, est critiquée comme défendant l'idéologie de Hugo Chavez, dont Maduro se dit l'héritier.

Paysans équipés d'armes

Des centres de recrutement ont été installés dans tout le pays, dans des casernes, des bâtiments publics et même le palais présidentiel. À la Caserne de la montagne, un lieu symbolique dominant Caracas où repose Hugo Chavez, la population attend en file.

« Je suis ici pour servir mon pays. Nous ne savons pas ce qui peut arriver, mais il faut se préparer et résister », dit Oscar Matheus, 66 ans. « La patrie nous appelle, le pays a besoin de nous », ajoute Rosy Paravabith, 51 ans, qui s'inscrit aussi.

Après l'enrôlement, les volontaires regardent un documentaire sur le blocus européen du Venezuela en 1902 et 1903. Le film, réalisé en 2017, montre des archives avec des paysans armés et des navires de guerre.

Dans une salle suivante, de l'armement est exposé : une mitrailleuse calibre 50 des États-Unis, un lance-grenades Carl Gustaf suédois et des lance-roquettes RPG soviétiques. Un lieutenant explique techniquement leur portée et usage.

Une invasion américaine estimée improbable

La taille de l'armée vénézuélienne, privilégiée par le pouvoir, n'est pas officielle. En 2020, elle comptait environ 343 000 membres pour 30 millions d'habitants, dépassée en Amérique latine seulement par la Colombie (428 000 pour 50 millions) et le Brésil (762 000 pour 210 millions).

Les États-Unis ont déjà mené des manœuvres militaires dans les Caraïbes, mais le déploiement antidrogue récent suit le doublement de la prime pour Maduro, accusé de narcotrafic.

Dans les rues du Venezuela, l'idée d'une invasion américaine est souvent moquée avec des blagues, tandis que la plupart des experts la jugent peu probable. L'opposition appelle à éviter l'enrôlement, mais les partisans de Maduro le prennent au sérieux.