À Bâle, des graffitis «Free Baran» apparaissent sur les murs et les bancs. Ils cherchent à attirer l'attention sur le sort de Baran Can, un Kurde de 41 ans vivant en Suisse depuis deux ans, récemment détenu pour expulsion. De juillet à septembre, il a été enfermé au centre administratif de Zürich. Selon ses amis, cette détention a été psychologiquement difficile : «Il a beaucoup souffert de l'isolement», disent deux connaissances. En avril et mai, deux détenus du centre sont morts dans leur cellule. L'arrestation de Baran Can a eu lieu dans la nuit du 4 juillet : contrôlé par la police à vélo, il a été placé en rétention pour séjour illégal. Ses proches n'ont été informés que plusieurs jours après.
Craintes en cas de retour
Baran Can a grandi dans une famille active au parti kurde HDP. Il a étudié l'archéologie à Ankara tout en militant. En 2007, il a été sérieusement blessé lors d'une attaque au couteau, que ses proches attribuent à des nationalistes turcs. Il affirme encore recevoir des menaces de mort. Les autorités turques l'accusent de propagande terroriste pour le PKK, ce qui pourrait lui valoir 7,5 ans de prison. Human Rights Watch note que cette accusation est souvent utilisée pour réduire au silence les opposants.
Asile refusé en Suisse
En mars, le Secrétariat d'État aux migrations a rejeté sa demande d'asile, estimant que sa persécution politique n'était plus actuelle. Pourtant, son avocate indique qu'une accusation a été portée contre lui en Turquie. «C'est un procès politique qui ne lui offrirait pas de droits équitables», critique-t-elle.
À Bâle, ses amis se mobilisent. Une page Instagram lui est dédiée, partageant des messages de soutien de Suisse, d'Allemagne et des États-Unis. Pour le moment, Baran Can a été libéré temporairement : il peut rester chez sa compagne jusqu'à une nouvelle audience en novembre. Mais la menace d'expulsion vers la Turquie persiste.