Les présidents russe et américain décident du sort de l'Ukraine en Alaska

Le 15 août 2025 pourrait marquer un tournant pour l'Ukraine après trois ans de guerre. Donald Trump et Vladimir Poutine se réunissent ce vendredi en Alaska. Le président américain, peu subtil, affirme que l'issue sera nette : succès ou échec complet.

Il promet de juger en cinq minutes si cette première rencontre physique depuis 2019 avec Poutine échoue ou ouvre une voie vers la paix dans le conflit le plus meurtrier d'Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Si tout va bien, Donald Trump, qui aspire au prix Nobel de la paix, déclare que cette réunion préparera une autre rencontre à trois, incluant Volodymyr Zelensky.

Il suggère que ce sommet tripartite pourrait avoir lieu rapidement, aussi en Alaska, un lieu symbolique. Ce territoire fut cédé par la Russie aux États-Unis au XIXe siècle. La base militaire d'Elmendorf-Richardson, site de la rencontre, eut un rôle clé durant la Guerre froide.

Vendredi, le président ukrainien et les dirigeants européens devront patienter pour connaître les détails de l'entretien entre Trump et Poutine, comme promis par le chef américain imprévisible.

À quelques heures de la rencontre, le chancelier allemand Friedrich Merz a souligné que Vladimir Poutine avait la chance d'accepter un cessez-le-feu en Ukraine, et que Trump pouvait faire un grand pas vers la paix.

La réunion commencera vendredi vers 19H30 GMT, selon le Kremlin. Le tête-à-tête sera suivi d'un dîner de travail avec leurs conseillers.

Les présidents donneront ensuite une conférence de presse, leur première apparition conjointe devant les caméras depuis Helsinki en 2018, restée comme un moment de complicité.

Pour Kiev et l'Europe, le pire scénario serait que Trump, fasciné par le pouvoir autoritaire de Poutine, accepte de redessiner l'Ukraine selon les souhaits de Moscou.

Le président américain a assuré jeudi que son homologue russe ne jouerait pas au malin avec lui. Mais menacera-t-il de sanctions paralysantes contre la Russie pour obtenir un cessez-le-feu et forcer Poutine à modérer ses exigences ?

Ces exigences sont actuellement jugées inacceptables par Kiev.

La Russie demande que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce aux armes occidentales et à l'adhésion à l'Otan.

Donald Trump, qui depuis l'invasion russe de février 2022 met les deux camps sur le même plan sans nommer la Russie comme agresseur, parle maintenant de concessions territoriales en termes de donnant-donnant, d'échange ou de partage.

Mais que peut offrir ou échanger Vladimir Poutine, alors que l'armée russe avance rapidement en Ukraine, forçant l'évacuation de villages entiers dans la région de Donetsk ?

De son côté, Kiev a lancé des dizaines de drones vers la Russie ces derniers jours, tuant une femme à Koursk près de la frontière dans la nuit de jeudi à vendredi, selon les autorités locales.

Les deux présidents partagent une obsession de ne jamais paraître faibles, mais leurs approches des relations internationales diffèrent fortement.

Pour Donald Trump, ancien promoteur immobilier devenu célèbre par la télé-réalité, tout est négociation rapide et marchandage efficace pour conclure un accord avantageux pour lui.

Vladimir Poutine, ancien du KGB formé à la guerre psychologique, pense à long terme, évoquant le destin historique d'une grande Russie qu'il veut reconstruire.

Cette différence de tempérament a créé une relation unique entre eux, alternant tensions et rapprochements spectaculaires.