Dans le 18e arrondissement parisien, des avocats bénévoles conseillent gratuitement les sans-papiers près d'un bus. Ahmad, un Tunisien maçon d'une cinquantaine d'années, patiente dans la file. Il a été trompé par un individu se présentant comme juriste, qui exigeait 90 euros par visite pour de nouveaux documents, lui coûtant 700 euros sans résultat. Par peur d'expulsion, il n'a pas dénoncé cette escroquerie.
L'association Antanak observe une hausse de tels cas, liée à la complication des procédures. Des avocats peu intègres ou des imposteurs commettent des erreurs dans les dossiers, profitant de la détresse des migrants. Sandra Morin de la CGT note que ces derniers sont souvent en urgence, anxieux, sans réponse administrative ou avec un ordre de quitter le territoire.
Séduire pour mieux abuser
La numérisation des démarches, la multiplication des recours et le durcissement des règles de régularisation facilitent ces fraudes. Les arnaqueurs diffusent des publicités sur des affiches ou les réseaux sociaux, utilisant des symboles rassurants comme la balance de la justice ou le drapeau français. Certaines structures facturent des centaines d'euros pour des rendez-vous préfectoraux normalement gratuits.
Sandra Morin regrette que les victimes, souvent honteuses d'avoir été dupées, adoptent une attitude résignée, comme si elles méritaient leur sort, ce qui souligne leur extrême vulnérabilité.