Une néonazie change de genre et fuit en Russie pour éviter la prison

Un nouveau développement dans une affaire qui a provoqué de vifs débats en Allemagne : une personnalité néonazie, après avoir changé de genre suite à une condamnation, a déclaré vendredi avoir quitté le pays au lieu de se rendre en prison.

Habituée des provocations, Marla-Svenja Liebich devait se présenter le soir à la prison pour femmes de Chemnitz, en Saxe, pour commencer à purger sa peine de 18 mois pour incitation à la haine, diffamation et outrage.

À la place, elle a publié un message sur les réseaux sociaux avec une image annonçant « le bonjour de Moscou » et ajoutant : « C’est quoi la suite ? Un mandat d’arrêt international ».

Un porte-parole de la police a indiqué à un petit groupe de soutien devant la prison que Marla-Svenja Liebich avait envoyé un message audio concernant son projet de fuite, disant qu'elle ne se sentait pas bien et avait quitté le pays.

En 2023, au moment de sa condamnation, elle s'appelait Sven Liebich et était de sexe masculin. Marla-Svenja Liebich a changé de genre après l'adoption, fin 2024, de la loi sur l'autodétermination sous le gouvernement du chancelier Olaf Scholz. Cette loi permet de modifier le prénom et le genre en déposant une demande auprès de l'état civil, sans justification médicale nécessaire après trois mois.

Saluée par les défenseurs des droits transgenres, cette simplification inquiète certains militants pour les droits des femmes, qui craignent que des hommes prédateurs n'abusent des nouvelles règles pour accéder aux espaces féminins.

Le cas de Liebich, soupçonné d'avoir changé de genre par provocation et pour de meilleures conditions en prison, montre selon les critiques les aspects permissifs de la loi.

Le ministre de l'Intérieur Alexander Dobrindt a déploré que la justice et la politique soient ridiculisées à cause de cette loi, et a demandé un débat sur la manière d'établir des règles claires contre les abus.

Marla-Svenja Liebich, 54 ans, est une figure de l'ultradroite en Allemagne de l'est, ayant été membre du réseau néonazi Blood and Honour. Sous le nom de Sven Liebich, elle vendait en ligne une batte de baseball avec le slogan « outil pour expulsions ».

En 2022, Sven Liebich avait perturbé une marche des fiertés à Halle, qualifiant les personnes LGBT+ de « parasites de la société », selon des témoignages.

Mais en juillet, Marla-Svenja Liebich est apparue avec une tenue féminine, incluant un haut léopard, un sac à main, des boucles d'oreilles, un turban, une capeline, et une large moustache teinte en blond.

La condamnée a aussi affirmé s'être convertie au judaïsme, demandant des repas casher et un aumônier israélite en prison, ce qui a été vivement critiqué par le commissaire à la lutte contre l'antisémitisme, Felix Klein.

La ministre de la Famille Karin Prien a estimé que le cas Liebich révèle des faiblesses dans la loi pouvant favoriser des abus, comparée à l'ancienne législation de 1981 qui imposait des rapports psychologiques.

Dans leur accord de coalition, conservateurs et sociaux-démocrates se sont engagés à évaluer la loi au plus tard le 31 juillet 2026, en examinant combien de demandes ont été rejetées pour abus avérés.