Mercredi, à la cour d'assises du Tarn pendant le procès de Cédric Jubillar, deux amies proches de son épouse Delphine ont partagé leur conviction absolue que l'accusé, un peintre-plaquiste, avait tué de ses mains l'infirmière de 33 ans, portée disparue en 2020. Leurs paroles ont provoqué des frissons dans la salle.
En conflit avec son mari
Chloé, une amie de Delphine depuis leurs années de collège, a exprimé avec colère : 'Je suis profondément certaine que Cédric a assassiné Delphine de ses propres mains.' Marlène, la belle-sœur de la sœur aînée de la disparue, a affirmé froidement : 'Je suis convaincue que Cédric Jubillar est le meurtrier. J'en ai la certitude.' Chloé a aussi mentionné que Delphine ne se rendait pas compte de la dangerosité de son mari, qui l'espionnait quotidiennement. Elle a demandé à la présidente de la cour l'autorisation de poser une question directement à l'accusé, mais celle-ci a refusé.
Marlène a lancé à l'avocat de la défense, Me Alexandre Martin : 'Delphine traversait une crise avec son mari, qui se montrait agressif. Elle assumait toutes les dépenses du foyer, elle était le pilier de sa famille et de sa fratrie, qui avaient perdu leurs parents. Pensez-vous vraiment qu'elle aurait choisi de disparaître ?'
Lors de cette journée consacrée à la vie de la jeune infirmière disparue, des proches, des collègues et des enseignantes de son fils Louis se sont succédé à la barre pour décrire une femme 'réservée' mais 'pleine de vitalité'. Anne, une de ses amies les plus proches dont les enfants allaient à l'école avec Louis, a raconté avoir connu un couple 'relativement complice' avant qu'ils ne s'éloignent progressivement. Un 'point de non-retour' a été atteint quand Cédric n'a pas signé de contrat à durée indéterminée à l'été 2020. Elle a expliqué : 'Delphine n'avait pas d'espace pour s'exprimer, elle ne comptait plus avec Cédric.' Elle a ajouté : 'Quand je passais une soirée avec eux, je ne parvenais presque pas à parler avec Delphine. Il monopolisait toute l'attention.'
La thèse de l'accusation renforcée
Cette proche de la famille Jubillar a aussi été longuement interrogée sur la façon dont la voiture de Delphine était stationnée la veille de sa disparition. Elle a insisté : 'Je suis formelle, la voiture était garée dans le sens de la montée devant son domicile. J'ai failli écraser son chien. Je me souviens parfaitement de son orientation.'
Cette affirmation soutient la thèse de l'accusation, selon laquelle cette voiture, retrouvée garée dans le sens inverse le lendemain de la disparition, a pu être utilisée par Cédric Jubillar pendant la nuit pour transporter le corps de son épouse.
L'audition d'Anne a aussi permis d'aborder la personnalité du peintre-plaquiste, âgé de 38 ans aujourd'hui, souvent décrit comme violent envers son fils Louis. Anne a rapporté à la cour qu'au cours d'une sortie au lac avec d'autres parents d'élèves, les enfants étaient partis sans prévenir pour faire le tour du plan d'eau. Au retour de Louis, 'Cédric a enlevé sa tong, a saisi Louis par le bras et lui a donné de forts coups sur les fesses. Le corps de Louis oscillait sous les impacts de la tong', s'est-elle souvenue.
L'enfer à domicile
Elle a aussi relaté des propos marquants attribués à l'accusé : il aurait répondu 'alors, je vais me pendre' à Delphine quand elle a annoncé fin octobre son intention de divorcer ; ou encore assuré à Anne que 'si elle a un amant, je lui ferai à l'envers'.
Selon une autre amie, membre de l'association des parents d'élèves avec Cédric et Delphine, l'infirmière lui aurait confié 'qu'elle vivait l'enfer à la maison'.
C'est elle qui s'occupait presque toujours d'emmener et de récupérer Louis à l'école, ont affirmé deux enseignantes. L'une d'elles a raconté que Louis lui avait dit avoir 'peur quand papa se mettait en colère contre sa petite sœur'. Chloé a déclaré : 'Delphine avait un jardin secret. Très peu de personnes y avaient accès, même moi après toutes ces années.'