Éric Ciotti, figure de la droite française, a appelé à un hommage national pour honorer la légende du cinéma Brigitte Bardot, suscitant des objections de la part de ses adversaires politiques de gauche.
"La France se doit d'honorer sa Marianne", a déclaré M. Ciotti, en référence à l'emblème de la liberté française dont Mme Bardot a été choisie pour représenter le visage dans les années 1960.
Bardot est décédée dimanche à l'âge de 91 ans. Une pétition lancée depuis par M. Ciotti a recueilli plus de 23 000 signatures et bénéficie du soutien de certains alliés d'extrême droite.
Mais le leader socialiste Olivier Faure a rappelé que les hommages nationaux sont destinés aux "services exceptionnels rendus à la nation". Bardot était une actrice emblématique mais elle a aussi "tourné le dos aux valeurs républicaines", a déclaré M. Faure.
Mme Bardot a été saluée par le président Emmanuel Macron comme une "légende du siècle" qui a incarné une vie de liberté, et M. Ciotti, qui dirige le parti de droite UDR, lui a demandé d'organiser un hommage national.
M. Ciotti a déclaré que la France devrait reconnaître une femme qui a apporté à son pays un niveau extraordinaire de reconnaissance internationale et qui a activement contribué à la lutte pour la liberté des femmes et le droit à l'avortement.
Entre-temps, le maire de Nice, Christian Estrosi, a annoncé que sa ville nommerait un "site emblématique" en l'honneur de Bardot.
Mais Bardot est destinée à rester controversée dans la mort comme elle l'a été de son vivant. Faure a rappelé qu'elle avait été condamnée cinq fois pour incitation à la haine raciale.
Bardot a joué dans une cinquantaine de films, après avoir fait irruption sur la scène dans Et Dieu créa la femme en 1956.
Elle a ensuite quitté le monde du cinéma en 1973 pour se consacrer à la protection des animaux et a vécu pendant des décennies à Saint-Tropez, sur la Côte d'Azur, dans sa maison appelée La Madrague.
Mais elle est devenue aussi connue pour ses sympathies d'extrême droite que pour son amour des animaux. Certaines de ses remarques visaient les musulmans, d'autres insultaient les habitants de l'île française de la Réunion, dans l'océan Indien.
"S'émouvoir du sort des dauphins et rester indifférent à la mort des migrants en Méditerranée, quel est le degré de cynisme ?", a demandé la députée verte Sandrine Rousseau sur les réseaux sociaux.
Il existe différents types d'hommage national en France.
Robert Badinter, qui a aboli la peine de mort en France, a fait l'objet d'un hommage national sous la forme d'une cérémonie solennelle en 2024, tout comme le chanteur Charles Aznavour en 2018.
Une option plus probable pour Bardot serait de s'inspirer des adieux publics faits à la star du rock Johnny Hallyday , lorsque de grandes foules se sont rassemblées dans les rues de Paris en 2017.
Tout le monde à gauche n'est pas opposé à l'idée d'un hommage national à Bardot.
"Pourquoi pas ? On l'a fait pour d'autres personnalités, notamment Johnny Hallyday", a déclaré le député socialiste Philippe Brun à la radio française. "Si le président de la République le décide, je ne vois pas pourquoi nous nous y opposerions.
Bardot elle-même avait fui les feux de la rampe pendant des décennies et son amie proche Wendy Bouchard a déclaré qu'elle n'était pas du tout intéressée par les médailles et les cérémonies.
"Cela part probablement d'un bon sentiment, mais je ne suis pas sûre qu'elle, qui a vécu une vie de simplicité et de privation, aurait voulu cet hommage national", a-t-elle déclaré à la télévision française.
Le journaliste Steven Bellery, qui a interviewé Bardot au début de l'année, a reconnu qu'elle voulait quelque chose de beaucoup plus simple et intime.
Mme Bardot avait demandé à être enterrée dans sa maison de la Madrague, sur la Côte d'Azur, plutôt que dans un cimetière public, où elle craignait "qu'une foule d'idiots n'abîme les tombes de mes parents et de mes grands-parents".
Cependant, la mairie de Saint-Tropez a déclaré qu'elle aurait un enterrement privé dans le cimetière public qui surplombe la Méditerranée ainsi que sa maison.
La Fondation Brigitte Bardot, qui se consacre à la protection des animaux, indique que ses funérailles auront lieu le 7 janvier à l'église Notre-Dame de l'Assomption et seront retransmises sur les écrans de la ville.